Dans cette démarche s'inscrivent les recherches de Jean Malus et fils, ainsi que les rapports du Baron et de la Baronne de Beausoleil.
Par manque d'or minier, l'orpaillage restait largement pratiqué sur les bassins des cours d'eau aurifères des Pyrénées, du Massif central, des Alpes, du Massif Armoricain, sur le Rhône et sur le Rhin, en général en activité de complément.
La concession de "l'Orenguer de Fourques" accordée en 1603 n'est pas limitée dans le temps et dans l'espace, si ce n'est par les possibilités de déplacement de l'époque. Elle ressemble plus à un permis d'exploitation des rivières et torrents des Aspres autour de Fourques qu'à une autorisation de recherches comme les deux suivantes.
Des prospections
personnelles menées sur ce secteur des Aspres ont révélé que
presque tous les torrents et rivières de ce district sont
aurifères, des teneurs en or de 0,5 g/T à 4g/T sont
atteintes sur les placers d'alluvions, elles dépassent 20g/T sur
des placers de failles et les marmites, exceptionnellement
500g/T mais sur seulement quelques litres d'alluvions. Sachant
qu'en ces ces lieux il faut environ 4 demi-journées pour
récolter 1 gramme à la batée (correspondant à 1 heure de notre
SMIC) et que le pouvoir d'achat de l'or était 100 fois plus fort
à la renaissance (et 400 fois plus fort au moyen-âge), on peut
considérer que ce même gramme représentait pour notre "Orenguer"
trois semaines d'un salaire ouvrier pour au maximum 2 jours de
travail parfois même récolté en seulement quelques heures les
jours de chance. Il ne se contentait certainement pas d'un
simple travail à la batée sur les sables, il semble que cet
orpailleur utilisait des tissus ou des peaux posées dans le lit
des torrents, et sur des constructions de brique construites à
cet effet dans le lit même des torrents. Pour aider la nature,
l'argile des terrains aurifères adjacents était attaquée, sapée
pour être projetée dans les cours d'eau par l'"Orenguer" à l'
amont des installation de lavage. L'usage du mercure était connu
et employé avec des pertes importantes comme en témoignent les
nombreuses traces mercureuses grises fréquemment observées sur
l'or qu'on récolte actuellement à Fourques et à Villemolaque
mais aussi sur l'or du Tech et la Têt dans la plaine du
Roussillon, lieux cités par Morer. On ne trouve par contre
aucune trace de mercure dans les ruisseaux et torrents auriféres
du Roussillon un tant soit peu éloignés de ces concessions
historiques.
Au 18ème siècle: Découverte d'or filonien, Orpaillage
Louis XV et Louis XVI favorisèrent le développement des recherches minières et de la minéralogie. Louis XV finança recherches et exploitations. En 1751, reprenant Louis XI, il produit un arrêt visant à faire respecter et à rappeler la réglementation en matière de Cueillette d'Or et d'Argent de Pailloles. Une chaire d'enseignement de la minéralogie fût mise en place par Louis XVI.
L'exploitation et la
prospection minière reprirent avec la découverte et les
importants travaux dans la mine de la Gardette en l'Oisans en
1770 ; cette découverte démontra qu'il existe des filons d'or
sur le territoire métropolitain, ce qui était considéré
jusque-là comme impossible.
De nombreuses
petites mines maintenant inexploitées et quasi oubliées furent
exploitées artisanalement à cette époque.
L'orpaillage fut toujours pratiqué sur le Rhin, le Rhône, les Cévennes, l'Ariège, comme en témoignent De Réaumur, Guettard et De Dietrich dans leurs mémoires sur l'or des rivières françaises.
En 1750 l'Hôtel des
monnaies de Toulouse enregistrait annuellement presque 49 Kilos
d'or de pailloles.
Au 18ème siècle cet Hôtel des
monnaies enregistra jusqu'à 95 Kg d'or annuels déposés par les
orpailleurs de l'Ariège, du Salat et de la Garonne.
Le bureau de Pamiers, n'ayant tout au plus que
deux lieues d'arrondissement enregistrait presque 20 Kg d'or
en 1751, sans compter la contrebande florissante:
étrangers et colporteurs achetaient tous les jours de l'or aux
habitants, avant qu'il ne soit remis au bureau de Pamiers. L'or
décrit par Monsieur Pailhès, changeur du Roi à Pamiers est
constitué de paillettes millimétriques de quelques centièmes de
grammes à 0,63 grammes, de grains de 0,1 g à 3,2 grammes, une
pépite de 15 grammes y fut déposée à cette époque.
Il décrit les
orpailleurs Ariègeois rusés et fort habiles à trouver les gros
grains dans les petits ruisseaux et les rigoles de Bénagues et
Varilhès, après les crues, à l'aide de simples sébilles de bois.
Les expériences menées au 18ème siècle par Antoine de Réaumur sur la récupération au mercure montrent que ces techniques utilisant l'amalgamation, telles qu'elles étaient pratiquées, engendrent parfois presque 50% de pertes.
Pour l'Ariège, De
Dietrich déplore le peu d'usage qu'il est fait en ces lieux de
tables de lavage et surtout l'absence de crible. Il semble
constater que les orpailleurs du Rhin ont développé des
techniques plus affinées sur ce fleuve pourtant moins productif.
Gua de Malvès invite à considérer les fissures des lits et anciens lits des rivières cévenoles: Gardons, Cèze et Hérault comme de véritables mines d'or.
Déjà, De Gensanne suggère pour le Languedoc une exploitation associée à celle des sables et graviers, en sablière.
Planche de De Dietrich,
copie "mise à jour d'une planche" d'Ercker
Exploitation aurifère du Rhin,
au 18 ème siècle,
Mémoire de de Dietrich
Les récoltes records enregistrées par les divers hôtels des monnaies à cette époque s'expliquent par les disettes gigantesques qui ont sévi au 17ème et surtout au 18ème siècle. Il n'y avait pas plus d'or, c'est qu'on le cherchait plus, à cause de la famine et de l'inflation. Les récoltes d'or exceptionnelles amenées par les orpailleurs aux hôtels des monnaies correspondent en général à des années où la mortalité a dépassé la natalité. Le siècle des lumières fut aussi celui de la faim, à cause des mauvaises récoltes dues à des canicules et à des hivers glaciaux récurrents. Le 18ème représente une sorte de minimum historique de la disponibilité alimentaire par personne. Les auteurs du 18ème indiquent bien que l'or de pailloles parvient à peine à nourrir ceux qui le cueillent.
La révolution, par un arrêté de 1791,
transforme le droit royal minier et instaure pour les
ressources métalliques, minières et carrières un droit de
concession étatique mais il donne paradoxalement aux
propriétaires terriens un droit d'exploitation systématique
qui sera supprimé par les lois minières de 1810.
-Nicolas Gobet,
1779, Compilation et notes sur les ouvrages de Malus (1600) , Beausoleil (1632) et autres:
Les anciens
minéralogistes du Royaume de France:
- Première partie
- Seconde Partie
Antoine de Réaumur, 1718:
-Des Rivières et
Ruisseaux du Royaume qui roulent des paillettes d'or
-Arrêt de Louis XV, portant réglement au sujet des Cueilleurs d'Or de Pailloles, 1751
-Outils miniers du 18 ème Siècle, Encyclopédie Diderot & d'Alembert
Académie Royale des Sciences, 1761
-Article
sur
les paillettes et grains d'or de l'Ariège
-Mémoire
sur les paillettes et les grains d'or de l'Ariège par Jean-Étienne Guettard, d'après une
lettre de Monsieur Pailhès, Changeur pour le Roi à Pamiers
Etienne De Gensanne, 1776
-Histoire
naturelle de la province du Languedoc
Baron de Dietrich, 1786:
-Mémoire sur l'or
que l'on retire de l'Ariège
Le Magasin
Pittoresque 1848
-Les Orpailleurs
Rodolphe Reuss 1897
-Les Orpailleurs du Rhin au XVII ème
siècle